Maurice Lacroix (1923-1945)

Maurice Lacroix naît le 13 juillet 1923 à Montheries en Haute-Marne dans une famille modeste. Il est l’aîné de six enfants. Son père exercera le dur métier de charbonnier puis, garde-chasse et bûcheron.
Sa mère, en plus d’élever la fratrie s’investit au côté du chef de famille. Ils habitent dans les bois et Maurice, courageux, aide ses parents et veille avec bienveillance sur ces frères et sa jeune sœur. Souvent, tôt le matin, il pose des pièges avant de parcourir à pied, les cinq kilomètres pour se rendre à l’école avec son frère et sa sœur. Ses prises permettent la vente de quelques fourrures et des revenus supplémentaires bien appréciés.

Adolescent, il entreprend une formation de boucher vite arrêtée par la guerre.
A 17 ans, Maurice voit l’effacement des valeurs de la France remplacées par la dictature d’un régime qui collabore.
Il revient alors travailler dans les bois, au côté de son père, jusqu’à ce jour de 1943 où il se fait arrêter par les Allemands alors qu’il ramène sur son dos un sanglier qu’il vient de piéger.
Accuser d’être un « terroriste », il est brutalisé en vue de le faire avouer.
Il est alors très loin de la joie de son premier sanglier tombé dans son piège nouvellement acheté pour nourrir sa famille.

Envoyé en prison, chaussé de sabots de bois quand ce n’est pas pieds nus, il est condamné à plusieurs mois de travaux de bûcheronnage.
Sa peine exécutée, c’est décidé, il fait le choix des maquis. Quand résister n’est pas une évidence et vu par beaucoup comme insensé, Maurice rejoint un maquis de Côte-d’Or.
Sa parfaite connaissance de la forêt, est alors un atout pour sa vie de maquisard…
Le 23 août 1944, l’ordre de guérilla générale étant donné en Haute-Marne, Maurice et plusieurs de ses camarades gagnent le Maquis Duguesclin formé deux jours auparavant dans les bois tous proches de Giey sur Aujon qu’il connaît bien.
Il participe activement à la libération de la Haute-Marne. Pour Maurice et son frère cadet Camille, ils en sont sûrs, ce coin de terre qu’ils aiment tant une fois libéré, leur devoir est de continuer le combat contre l’Allemagne nazie comme soldats.

Fiers et enthousiastes, tous deux signent en septembre 1944 un engagement au 21e Régiment d’Infanterie Coloniale nouvellement créé. Camille, trop jeune, mentira sur sa date de naissance.
Et les voilà partis pour la marche triomphale de la Première Armée Française du Général de Lattre jalonnée de durs combats…
Le 21e RIC, composé en majorité de tout jeunes engagés, se bat alors contre des troupes allemandes aguerries qui, malgré leur recul infligent de lourdes pertes aux Français.

Mulhouse est libérée le 21 novembre 1944 et les combats se poursuivent en janvier 1945 dans la neige et le froid sur la rive gauche du Rhin.
En février, au nord de Mulhouse, notamment autour des mines de potasse, Wittenheim, la Cité Sainte-Barbe et jusqu’à Ensisheim le 6 février.

Le 8, le régiment progresse dans la forêt de la Harth en direction de Bantzenheim.

C’est là que Maurice est tué au combat.

Inhumé dans le cimetière militaire de Tiefengraben près de Mulhouse, son frère Camille est présent pour l’ensevelir dans sa capote.

Maurice sera décoré à titre posthume de la médaille militaire et de la Croix de guerre avec étoile, cité à l’ordre du régiment.
En 1948, il reviendra auprès de sa famille.

Maurice… C’était le combat de la France, mais tu savais que c’était aussi ton combat et que tu devais y participer…
En allant sans faillir au bout de ta parole, tu as choisi l’honneur plutôt que la résignation. Que de leçons tu nous donnes. La fraternité, le courage, le don de soi.
Les années ont passé, quatre-vingts années de liberté qu’exigea ton sacrifice.
A ceux qui se posent la question « Qu’est-ce qui vaut de mourir à vingt ans… ? »
Je t’entends leur répondre :
« La liberté, la liberté en vaut la peine. »